Le jour où j’ai véritablement compris qu’il n’y avait pas de sot métier

C’est en juillet 1988, dans les cuisines de la clinique où je travaille pendant les vacances d’été. A la fin de la première journée le Chef me demande de balayer et passer la serpillière.
Une des tâches quotidiennes qui me revient. Bien sûr, je ne découvre pas ce que sont un balai et une serpillière, je les ai déjà utilisés à la maison.
Donc, je m’empare du balai et m’attelle à ma tâche. Jusque-là tout va bien. J’attrape le seau et la serpillière et comme à la maison, je m’attaque au sol avec énergie. Me voyant faire, le Chef m’arrête dans mon élan. Il m’explique, avec un large sourire, que ce n’est pas la bonne manière de procéder.
 
Il me montre :
1-    Comment essorer la serpillière en la pliant correctement.
2-    Comment la disposer sur le balai brosse, afin que celle-ci soit parfaitement maintenue.
3-    Ainsi que la façon de frotter le sol, en commençant par un coin et en reculant, afin de ne pas marcher là où on est passé.
 
Là, je viens d’apprendre comment nettoyer un sol efficacement et cette leçon je m’en souviens encore aujourd’hui, c’est-à-dire plus de trente ans après !
 
Pourquoi, est-ce que je partage cela avec vous ?
 
Parce que cette histoire :

  • Illustre que toute tâche, même a priori basique, demande un savoir-faire, qui mérite le respect.
  • Fait la démonstration de la différence entre la dépense (en l’occurrence d’énergie, pour un résultat médiocre) et l’investissement dans la préparation et la méthode pour être performant.
  • Et enfin c’est le signal que l’envie et le plaisir sont essentiels pour produire de la qualité dans le travail. Car, non seulement le Chef me consacre de son temps pour me montrer comment faire, mais il sait également me transmettre l’envie de bien le faire, en donnant du sens et de la valeur à ma mission : la propreté dans les cuisines d’une clinique est primordiale. C’est donc une responsabilité qu’il me confie. La conséquence, c’est que la confiance et le respect que je lui porte sont renforcés.
     
    Que d’enseignements tirés de cette expérience professionnelle, en apparence anodine !
     
    ✔ Le respect du travail de chacun.
    ✔ L’importance de la préparation et du travail bien fait, quel qu’il soit.
    ✔ La force de la relation humaine et son effet sur la motivation, donc l’envie de bien faire.
     
    C’est le message que j’avais envie de partager avec vous pour cette fin d’année, en espérant que l’avenir s’inspire de ces petites expériences qui nous enrichissent et nous aident à mieux comprendre le monde.